Jacques Prévert
Las hojas muertas
Las hojas muertas
Cómo
querría que aún te acordaras
de los
días felices en que fuimos amigos.
La vida,
en aquel tiempo, era más bella
y el sol
ya no arde con el mismo brillo.
Los
rastrillos recogen hojas muertas
―ya ves,
yo no he olvidado―,
los
rastrillos recogen hojas muertas,
y
también los recuerdos y nostalgias.
Y los
vientos del Norte las arrastran
hacia la
noche helada del olvido...
Ya ves,
yo no he olvidado
esa
canción que me cantabas.
Una
canción que se nos parecía,
vos me
amabas y yo también te amaba.
Vivíamos,
entonces, siempre juntos
―yo que
te amaba, y vos también me amabas.
Pero la
vida, silenciosa, aleja
a los
que dulcemente se han querido,
y el mar
borra las huellas en la playa
de los
amantes y su amor perdido.
Jacques Prévert
[Versión
de P. A.
Córdoba
– Ranchos, 12-X-18]
*
Les feuilles mortes
Oh! je
voudrais tant que tu te souviennes
Des jours heureux où nous étions amis.
En ce temps-là la vie était plus belle,
Et le soleil plus brûlant qu'aujourd'hui.
Les
feuilles mortes se ramassent à la pelle.
Tu vois,
je n'ai pas oublié...
Les
feuilles mortes se ramassent à la pelle,
Les
souvenirs et les regrets aussi
Et le
vent du nord les emporte
Dans la
nuit froide de l'oubli.
Tu vois,
je n'ai pas oublié
La
chanson que tu me chantais.
C'est une chanson qui nous ressemble.
Toi, tu m'aimais et je t'aimais
Et nous vivions tous deux ensemble,
Toi qui m'aimais, moi qui t'aimais.
Mais la vie sépare ceux qui s'aiment,
Tout doucement, sans faire de bruit,
Et la
mer efface sur le sable
Les pas
des amants désunis.
Jacques Prévert
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